Les vagues après augmentation mammaire

Les vagues après augmentation mammaire par prothèses mammaires sont des plis visibles à la surface de la peau. Les vagues peuvent parfois apparaître dans certains quadrants du sein en fonction de la technique utilisée et des caractéristiques anatomiques de la patiente. Les chiffres de la littérature sont difficilement comparables car le diagnostic est subjectif et les caractéristiques des femmes et des implants sont différentes. Les taux rapportés dans la littérature concernent les vagues jugées « excessives » et varient de 0,7 à 15 % (1-4).

Physiopathologie des vagues

La formation de plis des prothèses mammaires après augmentation mammaire est due à deux phénomènes souvent associés. Les vagues liées au contenu de la prothèse (cohésivité du gel pour les implants en silicone et sous-remplissage pour les implants en sérum gonflables : « underfill rippling ») et les vagues de traction (« traction rippling ») (5). Lorsque les tissus de recouvrement sont faibles (patientes minces), ces plis peuvent devenir visibles et former des vagues.

Causes des vagues

Les causes des vagues après augmentation mammaire sont multiples et se combinent (6):

  • Une insuffisance de recouvrement tissulaire de la prothèse mammaire:
    • Patientes très minces, peau fine et panicule adipeux sous cutané mince
    • Aplasie glandulaire ou hypoplasie mammaire sévère
    • Base mammaire étroite et/ou lorsque la base de la prothèse mammaire dépasse la base du sein. C’est le cas des augmentations mammaires par prothèses mammaires de trop gros volume.
    • Loge d’implantation rétroglandulaire voire rétropectorale lorsque les insertions musculaires médiales sont libérées excessivement.
  • Les caractéristiques de l’implant mammaire:
    • Le degré de remplissage des implants mammaire. Un sous remplissage des prothèses mammaires en sérum gonflables forme des plis qui peuvent être visible si les tissus de recouvrement sont minces (« underfill rippling »). Inversement, le surgonflage limite l’effet de vague mais diminue la souplesse des seins.
    • Les prothèses mammaires texturées. Elles adhèrent à la capsule par effet « velcro » et sous leur poids créent des vagues de traction (7).
    • Les implants mammaires de gros volumes. Ils créent des vagues de traction par le poids exercé sur la capsule. Les vagues peuvent apparaître tardivement en cas d’implantation de prothèses mammaires de gros volume par le laminage tissulaire qu’elles provoquent.
    • La cohésivité du gel de silicone. Les implants mammaires dont le gel est hautement cohésif sont plus fermes mais forment moins de vagues.
  • Les coques modérées. La contraction de la capsule péri-prothétique (coque après augmentation mammaire) vient « plier » l’implant mammaire, ce qui crée des vagues (« plis »).

L’apparition tardive (à plusieurs années) des vagues après augmentation mammaire peut s’expliquer par la diminution progressive du coefficient de remplissage (dégonflement progressif des implants mammaires en sérum ou transsudation du gel de silicone) et par la diminution du tissu de recouvrement (par laminage tissulaire des implantations de prothèses mammaires de gros volume, hypotrophie post-gravidique, post-allaitement, post-amaigrissement ou lié à l’âge).

Conséquences

Le désordre est essentiellement d’ordre esthétique. Lorsque les vagues sont dans le décolleté, celles-ci sont particulièrement disgracieuses et nécessitent le plus souvent un traitement. Par ailleurs, les plis des parois des prothèses, outre leur aspect inesthétique par la création de vagues, peuvent exceptionnellement provoquer une rupture de l’implant et une exposition prothétique (par érosion des tissus sus jascents) lorsque les plis sont majeurs (8).

Prévention

Quatre points clés lors de l’augmentation mammaire sont à retenir pour prévenir la formation des vagues:

  1. Remplir les implants mammaires gonflables en sérum physiologique de manière suffisante. En ce qui concerne les implants mammaires préremplis de gel de silicone, le degré de remplissage et la cohésivité du gel sont variables en fonction des marques et laboratoires.
  2. Faire une augmentation mammaire sur loge rétropectorale lorsque l’épaisseur des tissus de recouvrement au pôle supérieur du sein est inférieure à 20 mm et ne pas libérer les fibres inféromédiales du muscle pectoral lorsque l’épaisseur des parties molles au sillon sous mammaire est inférieure à 5 mm.
  3. Éviter une libération excessive des insertions médiales du muscle grand pectoral
  4. Éviter d’implanter une prothèse mammaire de volume excessif (>350 cc) notamment chez des patientes minces à peau et panicule adipeux minces. Ainsi, chez les patientes au souhait d’une augmentation mammaire de gros volume, une véritable information et éducation de la patiente doivent être réalisées pour leur faire envisager un choix de volume des prothèses mammaires plus raisonnable.

Traitement des vagues après augmentation mammaire

Plusieurs techniques existent pour atténuer les vagues après augmentation mammaire. Celles-ci peuvent s’effectuer seules ou bien être associées.

  • Pour les vagues minimes et en dehors du décolleté, une abstention thérapeutique est le plus souvent réalisé en accord avec la patiente.
  • Parfois les vagues peuvent apparaître à la suite d’un amaigrissement et une prise de poids permet alors de les atténuer en épaississant naturellement le panicule adipeux sous cutané.
  • Il est possible d’effectuer un lipofilling mammaire dans l’épaisseur du tissu graisseux du sein afin de masquer davantage certaines vagues. Plus d’informations sur : lipofilling mammaire.
  • Un changement de prothèse mammaire pour des implants mammaires en gel de silicone plus cohésif ou au degré de remplissage plus important permet de limiter les vagues d’ « underfill rippling ». Un changement d’implants mammaires macro-texturés pour des prothèses mammaires lisses ou micro-texturées permet de limiter l’effet de vagues de traction de même que l'utilisation d'implants mammaires recouverts de polyuréthane.
  • Si l’implant mammaire est rétroglandulaire et qu’il existe des vagues dans le décolleté, un changement de loge pour une loge rétropectorale ou dual plane est alors une bonne solution.
  • Enfin, il est possible d'épaissir l'épaisseur des parties molles par adjonction d'une plaque de matrice dermique cellulaire entre la prothèse et le sein pour masquer davantage les plis.

Références

Extrait de la thèse de Doctorat en Médecine du Dr Victor Médard de Chardon sur l’augmentation mammaire à Nice, Faculté de Médecine).

  1. Handel, N., Cordray, T., Gutierrez, J., et al. A long-term study of outcomes, complications, and patient satisfaction with breast implants. Plast Reconstr Surg 117: 757-767; discussion 768-772, 2006.
  2. Codner, M. A., Cohen, A. T., Hester, T. R. Complications in breast augmentation: prevention and correction. Clin Plast Surg 28: 587-595; discussion 596, 2001.
  3. Baeke, J. L. Breast deformity caused by anatomical or teardrop implant rotation. Plast Reconstr Surg 109: 2555-2564; discussion 2568-2559, 2002.
  4. Araco, A., Gravante, G., Araco, F., et al. A retrospective analysis of 3,000 primary aesthetic breast augmentations: postoperative complications and associated factors. Aesthetic Plast Surg 31: 532-539, 2007.
  5. Tebbetts, J. What is adequate fill? Implications in breast implant surgery. Plast Reconstr Surg 97: 1451-1454, 1996.
  6. Tebbetts, J. B. Breast augmentation with full-height anatomic saline implants: the pros and cons. Clin Plast Surg 28: 567-577, 2001.
  7. Danino, A., Rocher, F., Blanchet-Bardon, C., et al. [A scanning electron microscopy study of the surface of porous-textured breast implants and their capsules. Description of the « velcro » effect of porous-textured breast prostheses]. Ann Chir Plast Esthet 46: 23-30, 2001.
  8. Dionyssopoulos, A. [The non-perfect results of breast implants]. Ann Chir Plast Esthet 50: 534-543, 2005.